Le froid me réveille à
Dijon, 5 heures du matin. Quelques minutes d’arrêt et le train
part. La campagne se déroule devant nous à l’infini. Des sites
merveilleux se renouvellent constamment.
Tonnerre, 9 heures 30,
des dames charitables nous offrent gracieusement du pain, du fromage
et du café que l’on s’empresse d’accepter. Ma foi, leur café
vaut mieux que notre jus légendaire.
Montereau, 2 heures de
l’après midi, redistribution de thé, je ne sais si c’est celui
que les Japonais ont fait cadeau, mais il a un parfum d’orient. Les
Allemands sont arrivés à 10 km de cette ville vers le 6 septembre à
ce que nous disent les employés PLM(1).
Fontainebleau, ville
charmante, avons eu un aperçu sur la beauté merveilleuse de sa
forêt.
Melun, un avion est
signalé tout le monde lève le nez en l’air et suivons des yeux
les évolutions du monoplan. Surtout, pour la plupart d’entre nous,
le fait est très intéressant car on en avait pas vu voler.
Villeneuve, nous
arrivons dans la nuit et ne pouvons apercevoir Paris, mais j’aperçois
de nombreux projecteurs qui balayent le ciel de leurs lumières
puissantes, car dans la journée les avions allemands ont jeté vingt
bombes dit-on.
[Le] Bourget, où nous
restons environ 2 heures, et où l'on nous y fait descendre ;
l’on nous dit que l’on continue sur le Nord. Nous soupons et au
départ du train, nous nous endormons dans notre wagon de seconde
classe, chacun sur un côté. Car depuis Valence, je fais le trajet
avec un camarade, Cornand, tout seuls dans le même compartiment.