Ce jour de souhaits de
bonheur et longue vie, qui s'échangent habituellement, n'a plus sa
raison d'être ici, où le bonheur est exclu et où la vie compte si
peu, et rien n'est moins sûr que l'existence.
On rencontre un
camarade. Serrement de mains. Bonne chance. D'autres vous souhaitent
une balle dans une jambe ou dans un bras, la blessure rêvée, qui
vous enverra un mois dans un hôpital. Ce qu'il en est à la guerre ;
souhaiter du mal de ce genre à un camarade, c'est du bien qu'on leur
veut. Mais les blessures viennent assez vite pas besoin de les
souhaiter.
Ce jour me paraît
triste, et ma pensée se reporte bien loin là-bas dans toute ma
famille, et je pense que pour eux non plus ce ne doit pas être gai.
Ce premier jour de
l'an, où tous les parents se réunissent pour renouveler leurs vœux
et resserrer les liens d'affection, nous trouve tous dispersés, et
je vois des vides dans toutes les maisons. Les vœux que je forme moi
de toute mon âme, c'est après toutes ces épreuves et jours
terribles passés, nous puissions tous nous retrouver un jour au
pays. Quel bonheur ce jour là, mais ce n'est encore qu'un rêve, et
se réalisera-t-il ?
Je reçois les souhaits
tous les jours de tous, et c'est réconfortant de sentir toutes ces
affections autour de soi.
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