jeudi 1 janvier 2015

Vendredi 1er janvier 1915

Ce jour de souhaits de bonheur et longue vie, qui s'échangent habituellement, n'a plus sa raison d'être ici, où le bonheur est exclu et où la vie compte si peu, et rien n'est moins sûr que l'existence.

On rencontre un camarade. Serrement de mains. Bonne chance. D'autres vous souhaitent une balle dans une jambe ou dans un bras, la blessure rêvée, qui vous enverra un mois dans un hôpital. Ce qu'il en est à la guerre ; souhaiter du mal de ce genre à un camarade, c'est du bien qu'on leur veut. Mais les blessures viennent assez vite pas besoin de les souhaiter.

Ce jour me paraît triste, et ma pensée se reporte bien loin là-bas dans toute ma famille, et je pense que pour eux non plus ce ne doit pas être gai.

Ce premier jour de l'an, où tous les parents se réunissent pour renouveler leurs vœux et resserrer les liens d'affection, nous trouve tous dispersés, et je vois des vides dans toutes les maisons. Les vœux que je forme moi de toute mon âme, c'est après toutes ces épreuves et jours terribles passés, nous puissions tous nous retrouver un jour au pays. Quel bonheur ce jour là, mais ce n'est encore qu'un rêve, et se réalisera-t-il ?

Je reçois les souhaits tous les jours de tous, et c'est réconfortant de sentir toutes ces affections autour de soi.

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